Le Ranquet en Vadrouille...Carnet de route.

Le Ranquet en Vadrouille...Carnet de route.

Ethiopie 2, Addis Abeba...Le chantier!

Éthiopie 2,  Addis Abeba … Le chantier !

 

 

 

Hussein m'a dit :

 

"...Ils ont chassé les fermiers autour d'Addis..Pour construire les buildings... Les Chinois.

 

...Que sont devenus ces paysans sans terre?"

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Ça commence par un coup de chaud !

 

 

Après un premier vol Paris Le  Caire et  dans la foulée Le Caire Addis sans embarras, un passage à l‘immigration relax, nous sommes détendus…Un peu trop.

 

 

4h du mat à la sortie de l’aéroport d’Addis Abeba, nous attendons que le jour se lève pour chopper un taxi qui nous posera au centre de la capitale.

 

 

Marie s’aperçoit alors qu’elle n’a plus son petit sac à dos.

 

Moment de panique, impossible de retourner dans le hall d’arrivée, bouclé pour des raisons de sécurité !

 

La police sur place, très cool, (nous un peu moins !) nous dit de ne pas nous affoler, on va nous ramener le sac, il n’y a pas de voleur dans l’aéroport d’Addis !

 

Nous ne sommes guère convaincus par la sérénité affichée des policiers éthiopiens…

 

Nous avons tort, une dizaine de minutes plus tard on nous ramène le sac !

 

Ça s’appelle " avoir le cul bordé de nouilles " , C’est promis, nous n’allons pas en abuser !

 

 

 

 

 

 

 

On négocie le prix d’un taxi pour « Piazza » :

 

 Vieux quartier assez crasseux, un point central, des rues commerçantes mangées par la poussière et les odeurs de gasoil, quelques demeures anciennes  aux balcons de bois fatigués, vestige d’un passé colonial ou du moins d’une présence italienne.

 

 

 

 

 

 

 

 

… Et une flopée de petits hôtels pour voyageurs sans trop d’exigence, rompus  à l’exercice africain, où nous sommes quasiment certains de trouver une chambre sans réservation préalable.

 

 

Accueil sympathique à « Ankober guest house »,  il faut attendre un moment, on nous prépare une chambre.

 

C’est propre, un lit double et un lit simple, toilettes, douche avec robinet d’eau chaude  repéré par un coup de feutre rouge sur la peinture écaillée du mur, la pomme laisse échapper des gouttes d’eau qui rebondissent sur le bac en  plastique, le rideau est trop court, ça patouille un peu.

 

 

 

Prises électriques descellées qui  pendouillent, mais ça marche ; tiroir de la table de nuit garni de préservatifs, ça aussi ça doit marcher dans le coin !

 

15 Euros la nuit, wifi (récalcitrant) compris ! c’est parfait. 

 

On s’écroule quelques heures…

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Dans la rue voisine, s’enracine l’hôtel Taitu:

Une institution à Addis, le plus ancien de la capitale, une belle demeure faite de pisé et de bois, escaliers en teck, lourde porte tournante .

 

L’antique demeure impériale apparaît maintenant épuisée mais on y déguste toujours du très bon café.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Quatre à cinq millions d’habitants à Addis ? Peut-être plus ?

 

Comment compter  tous ces indigents condamnés à vivre dans la rue ? D’ailleurs comptent-ils vraiment ?

 

 

 

 

 

 

 

La ville est anarchique :

ça ressemble à un grand foutoir, une sorte d’immense bazar transpercé par de larges avenues  profilées à la « soviétique ».

 

 

Que reste-t-il de ces années de terreur, époque de la collectivisation menée à marche forcée sous la férule du dictateur Mengistu ?

 

 

 En l’honneur de l’amitié Cubano-éthiopienne, une vaste place commémore ces soldats venus mourir en Abyssinie si loin de leur Caraïbe natale.

 

 

 

 

 

 

 

 

Savaient-ils ces soldats, qu’en détrônant une monarchie féodale, vacillante, ils allaient mettre en place un terrible régime sanguinaire ?

 

 

 Des charrettes à bras disputent l’espace au flot incessant des voitures, camions, bus et minibus.

 

 

Pitié pour les piétons, sans cesse plus nombreux, venus  des campagnes gonfler les bidonvilles de la grande ville.

 

 

À 2500 mètres d’altitude, au milieu des crachats noirs des diesels, on respire mal, on  s’essouffle vite !

 

 

Sur ces terrains pentus, plus hauts que Bogota, plus perchés que Mexico, les quartiers d’Addis, congestionnés d’une pollution sévère, sont semés d’immeubles inachevés, véritable « Lego » de béton gris recouvert de bâches malmenées par le vent d’altitude.

 

 

 

C’est le chantier…Impressionnant !

 

 

 

 

 

 

 

Les Chinois sont dans la place, ils investissent, construisent, « colonisent » une Éthiopie fière jusqu’ici d’être le seul pays africain à n’avoir jamais été colonisé !

 

 

Entre les flèches des grues qui jaillissent dans le ciel, sur des échafaudages en bois, des ouvriers, plusieurs dizaines de mètres au-dessus de nos têtes, semblent doucement se balancer au gré du vent.

 

Vu d’en bas ça file le vertige !

 

 

 

 

 

 

 

Et en bas, au ras du sol, les mendiants, souvent aveugles, les estropiés…

 

Tous ces oubliés  qui  tentent de se faire une place parmi les abris aux étals poussiéreux, petites boutiques déglinguées aux  fausses allures de caverne d’Ali Baba.

 

 

Et puis, se déplaçant  en groupe, les enfants des rues:

 

Souvent pieds nus, ils n’ont rien que leurs mains lestes et leurs doigts agiles…Vigilance.

 

 

 

Que les dieux d’Abyssinie, s’ils existent, les protègent. La mission est difficile !

 

 

Musulmans et Chrétiens font aisément l’aumône, on donne la pièce.

Pétris de religion, les Éthiopiens fréquentent assidûment les églises et mosquées, c’est une tradition bien ancrée.

 

 

 

 

 

 

 

Pour avoir un peu d’air, il faut monter  plus haut vers le quartier Entoto.

Lorsque les trottoirs défoncés de la ville disparaissent  peu à peu,  la pente devient plus raide.

La route, peuplée de marcheurs, s’insinue dans le massif verdoyant de l’ancienne capitale.

 

 

 

Une  armada de "sans grade" marche de chaque côté de la route. Bientôt on arrive au sommet d’Entoto  dominant Addis.

 

 

 

 

 


 

 

 

De chaque côté de l’asphalte, sous les pins, les acacias et les eucalyptus, les femmes glanent le bois sec et les écorces. 

 

Courbées, descendant vers la ville, à petits pas, elles porteront ces lourdes charges destinées à la fabrication du charbon de bois.

 

 

 

 

 

 

 

Mais Addis ne se résume pas qu’à ce spectacle désenchanté.

 

Addis la moderne existe aussi !

 

 

Le quartier des affaires, les immeubles futuristes, les luxueuses ambassades, les innombrables représentations diplomatiques, les imposantes agences bancaires, le métro dernier cri…

 

Toute cette évolution engage la capitale vers un avenir chargé de promesses.

 

Puissent-elles bénéficier au plus grand nombre ! Ce n’est pas gagné !

 

 

Dans ce décor bordélique, après quelques jours d’adaptation, on peut s’y sentir bien.

 

 

Et une rencontre fortuite peut encore vous faire accepter Addis plus facilement :

 

Né en juin 1978, Il dit s’appeler Mars, il parle un français impeccable, sans accent, héritage d’un passé à Djibouti.

 

 

 

 


 

 

 Mars sera d’un bon conseil. 

 

Il crèche dans la rue, une cabane de tôle sur roulette qui lui sert d’abri à proximité de Churchill street, il broute du khat qui l’aide à supporter cette vie de misère.

 

Il dit être un peu feignant, mais bien comme ça, fataliste…

 

 

À notre retour sur Addis nous lui avons promis de passer à nouveau nous asseoir sur les tabourets du boui-boui qu’il fréquente.

 

 

 L’arôme pénétrant du café grillé, la senteur des épices, la bienveillance des  Éthiopiens, leur curiosité, leur élégance, rien de tout cela ne laisse indifférent.

 

 

 

 

 

 

Les Éthiopiens sont beaux, les Éthiopiennes resplendissantes, minces et élancées, des yeux qui vont du sombre au clair, la chevelure noire habilement tressée,  des traits fins…

Sourires splendides, dents étincelantes !

 

 

Ici, le voile et la croix vont de concert. Sous le léger tissu on devine de beaux visages et des yeux rieurs.

 

 

 

 


 

 

Conseils  aux voyageurs :

 

Pour les ressortissants européens, la procédure de « visa on arrival » est facile à obtenir au service d’immigration de l’aéroport  International Bole d’Addis Abeba.

 

 

Payable en US dollars ou en Euros.

 

  Séjour jusqu'à 30 jours (52 US$), ou de 90 jours (72 US$).

 

C’est un peu lent (trois guichets différents : contrôle du passeport, établissement du visa et enfin paiement au dernier comptoir)

 

Si vous n’avez pas l’appoint, dans notre cas 150 Euros pour un montant total de 134 euros – 2 visas de 3 mois à 67 euros chacun – on vous rend la monnaie en euros.

 

Prévoir une adresse d’hôtel dans Addis (ou ailleurs), même bidon, elle sera enregistrée au moment  de la transaction.

 

 

Vigilance avec les enfants des rues : les écarter fermement, sans brutalité.

 

 

Fréquentes coupures d’électricité. Réseau internet aléatoire.

 

 

 Distributeurs bancaires partout même au pied des bidonvilles.

 

 

Les déplacements en ville :

 

Le taxi (négocier le prix de la course avant départ)

 

Les minibus :

 

Très bonne option, partage assuré avec les Éthiopiens contents de voir les étrangers se serrer sur les banquettes défoncées des vieux Toyota.

 

Réseau efficace, trajet entre 1 et 3 Birr, c’est  à dire rien pour le touriste...

 

  (30 Birr = plus ou moins 1 Euro)

 

 

Musées :

 

Généralement assez pauvre par manque de moyen.

 

Le musée d’ethnologie situé dans l’ancien palais d’Haïlé Selassié fait pitié.

 

La visite pourrait être intéressante mais le délabrement ambiant n’incite guère à une visite attentive.

 

Le jour de notre venue, une coupure d’électricité plongeait certaines salles dans l’obscurité. Lampes frontales bienvenues !

 

 

 

 


 

 

 

Le musée National :

 

Depuis que Lucy n’est plus « in the sky », on peut y voir son squelette…Notre mère à tous, parait-il !

 

 

Mention spéciale pour le « centre culturel Oromo »,

 

 

 

 


 

 

musée moderne financé par le gouvernement Oromo :

 

On comprend mieux la notion de fédéralisme, l’Éthiopie, grand comme deux fois la France est une fédération  calquée sur l’empreinte géographique des ethnies.

 

 

 

 


 

 

 

Les tensions demeurent vives entre certaines régions, j’aurais l’occasion  d’y revenir.

 

Addis Abeba redeviendra –t-elle la ville fleur ?

 

Les mutations "Au pays des visages brûlés " sont  imprévisibles, elles ne sont pas sans risque.

 

Dans les rues d'Addis Abeba, les grains de poussière dansent dans les raies de lumière d'un soleil Blanc.



15/11/2017
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