Le Ranquet en Vadrouille...Carnet de route.

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Rwanda 8, Kigali, les filles de " l'Hôtel Rwanda"

Kigali, les filles de l’ « Hôtel Rwanda »

 

 

 

 

 

Au bord de la piscine. Tables rondes. En rotin. Sous la gigantesque paillote.

 

 

 

Nous avions réservé deux couverts pour la soirée.

 

 

 Le vendredi soir, l’hôtel «  des Mille Collines » régale ses clients d’un jazz-band Africain, qui, de standards de jazz en reprises de Santana,  entretient une atmosphère doucereuse pour les « expats » en goguette ou les hommes d’affaires tuant le temps d’un week-end, loin de chez eux.

 

 

 

 

 

A Kigali, l’hôtel « Des Mille Collines » est une institution.

 

 

 

Tout le monde le connait.

 

 

 

Très central, on ne peut pas le louper.

 

Déjà célèbre avant le génocide, il est devenu emblématique après.

 

 

 

Son histoire est indissociable de la tragédie Rwandaise.

 

 

 

En 2005, Terry George réalise le film « Hôtel Rwanda » retraçant le courage héroïque du directeur de l’établissement :

 

 

 

Paul Rusesabagina, Hutu marié à une Tutsi, sauvera plus de mille personnes réfugiés dans l’hôtel dans des conditions épouvantables. (*)

 

 

 

Elles resteront vivantes après trois mois de siège.

 

 

 

Dehors, derrière les grilles des « Mille Collines » pourrissaient les cadavres.

 

 

 Rusesabagina écrira son histoire dans un livre intitulé « Un homme ordinaire » qui servira de scénario au film de la production américaine.

 

 

 

 

(*) Le rôle de Paul Rusesabagina dans le sauvetage de 1200 personnes est cependant sujet à controverse.

 

Des avis divergents et contradictoires seront dévoilés au fil des années sur l'implication réelle dans cette douloureuse page d'Histoire.

 

En fin d'article, mise à jour en date du 04 Avril 2022 concernant Paul Rusesabagina.

 

 

Plus tard, en 2002, l’écrivain et journaliste Québécois, Gil Courtemanche, écrira un roman à succès, traduit en 23 langues, une triste histoire d’amour sur fond de génocide, qui prend place au bord de cette piscine :

 

 

 

«  Un dimanche à la piscine à Kigali »

 

 

La piscine… the pool bar…

 

 

 

C’est ce qu’on cherche en premier en franchissant le portique détecteur de métaux qui  mène à l’escalier s’ouvrant sur les jardins, c’est le point névralgique de l’hôtel, c’est ici que se trouve le vaste bar sous l’immense paillote.

 

 

 

 

C’est là aussi que les réfugiés se partageaient l’eau, la piscine restant la seule source disponible à la fin du siège.

 

 

 

C’est ici que les militaires Français et « leurs putains » s’alanguissaient sur les transats, buvant la « Primus » fraîche le temps d’une pose, ne voulant pas croire à l’imminence du chaos à venir.

 

 

 

 

L’hôtel a retrouvé son faste d’antan, il a reconquis ses lettres de noblesse et ses « habitudes » qui ont fait sa sulfureuse réputation.

 

 

 

Les garçons et les serveuses  assurent un service haut de gamme, l’excellence du métier.

 

 

 

Par un soin constant anticipant toute demande du client, le personnel délivre le voyageur de ses dernières contraintes; rapidement nous sommes  à l’aise dans cet univers qui nous est pourtant peu coutumier.

 

 

 

Le vendredi soir est l’occasion d’abandonner la carte pour ceux  qui le souhaitent.

 

L’hôtel prévoit des spécialités à prix modérés, pratique « happy hour » sur les soft drinks et les bières locales. C’est  parfait!

 

 

 

Ce sera donc des brochettes à l’Africaine, bœuf, poulet ou tilapia du lac Victoria…Excellent!

 

 

 

La nuit est tombée sur la piscine, la lune se reflète sur la surface irisée du rectangle d’eau devenu noire.

 

 

 

 

L’orchestre reprend des titres familiers.

 

 

C’est à ce moment-là que l’hôtel choisit de reprendre ses « habitudes » :

 

 

Comme des brochettes, elles arrivent...

 

 

 

Deux par deux, trois par trois…

 

Rarement seule. Elles investissent le bar de la piscine avec discrétion.

 

 

 

Elles semblent toutes sortir de la même formation tant elles paraissent identiques en tous points.

 

 

 

Grandes et élégantes. Belles ! Très belles!

 

 

 Hauts talons de rigueur, indispensables sans doute.

 

 

 

Lentement, jambes croisées, elles s’adossent sur les tabourets en rotin.

 

 

 Leurs courtes robes dévoilent des jambes fines, soulignent la taille et dessinent les fesses.

 

 

 

Les occidentaux somnolents sur leur bière se réveillent et demandent la carte des cocktails.

 

 

 

Jamais vulgaires, plutôt distinguées, ces éclatantes jeunes femmes  confirment la tradition des « Mille collines ».

 

 

La nuit venue, les Rwandais de Kigali, peu avares de dérision, nomment  leur établissement fétiche « l‘hôtel des Mille Copines » !

 

 

Mille ça fait beaucoup quand même!

 

 

Surtout à cette période de l’année où les touristes se font rares.

 

 

Les serveuses et garçons en tenue noire et blanc impeccable prolongent leur service jusqu’à tard dans la nuit, le jazz-band Africain annonce son dernier morceau, les agents de sécurité remercient poliment les clients quittant la piscine.

 

 

 

Quelques filles s’effacent silencieusement sur la moquette épaisse des couloirs de l’hôtel…

 

 

 

« Les Mille Collines » vont sommeiller, demain la ouate emprisonnera les collines, on replacera les coussins sur les transatlantiques, on ouvrira les parasols, de nouveaux clients arriveront, et les filles s’installeront à nouveau autour de la piscine.

 

Mise à jour:

 

 Agence France Presse en date du 04/04/2022:

 

La Cour d'appel du Rwanda  a confirmé lundi la condamnation à 25 ans de prison pour "terrorisme" de l'opposant Paul Rusesabagina, rendu célèbre par le film Hôtel Rwanda, rejetant l'appel du parquet qui souhaitait une peine plus lourde.

 

Connu pour être un virulent opposant au Président Rwandais Paul Kagame, Paul Rusesabagina avait été condamné en septembre à  25 ans de prison pour "avoir fondé et appartenir" au Front de Libération National (FLN), groupe armé accusé d'avoir mené des attaques meurtrières au Rwanda en 2018 et 2019.

 

L'accusé a boycotté la majorité des audiences.

 

Paul Rusesabagina, âgé de 67 ans, et sa famille ont toujours démenti ces accusations et dénoncé un procès destiné à museler un opposant.

 

 

 

Il vivait depuis 1996 en exil aux USA et en Belgique, avant d'être arrêté à Kigali en 2020 dans des circonstances troubles, à la descente d'un avion qu'il pensait à destination du Burundi.

 

 

 



08/10/2012
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