Le Ranquet en Vadrouille...Carnet de route.

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Laos 2, Aux portes de la Chine du sud...

Laos 2,

 

Aux portes de la Chine du Sud…

 

La modeste ville de Luang Nam Tha n’est pas connue pour son charme; Elle s’étire, rectiligne, sans élégance, le long de la route 3 qui emboite la Nationale 13 serpentant vers le Yunnan, porte d’entrée de l’ogre Chinois.

 

Luang Nam Tha a été « rebâtie » à l’écart de l’ancienne ville qui n’a pas survécu aux bombardements Américain de 1970.

 

Bordant le parc National du Nam Tha, la dernière ville du Nord Laos est fréquentée par les voyageurs en route pour la Chine du Sud.

Mais ce sont les trekkeurs qui animent le plus les nombreuses  guesthouses proposant les aventures dans la jungle enserrant cette grosse bourgade.

 

Luang Nam Tha est le point de  départ idéal pour la « découverte » des tribus de montagne qui vivent écartées de la ville. Les touristes en quête d’« authanticité » n’ont que l’embarras du choix dans les différentes formules vendues par les agences qui se bousculent des deux côtés de la rue principale.

 

Si la population du Laos  demeure majoritairement rurale (80%), éloignée du monde moderne, il y a bien longtemps que les tribus Akha, Hmong et autres sont rompues aux visites des occidentaux.

Organisées par les agences et planifiées par la région administrative du Nam Tha, les « tournées » dans les villages sont devenues une source de revenus non négligeable pour la région.

 

La sincérité en prend donc un coup, mais cela n’enlève rien, ni à la beauté des paysages ni à la nature sauvage des treks. On repart heureux de Luang Nam Tha, d’autant plus que la population est chaleureuse et aidante.

 

Mais qu’en est-il réellement de la vie de ces tribus en marge ?

 

Le gouvernement Lao s’évertue à minimiser le problème, cependant la situation de ces minorités resterait déplorable. « Human Right Watch » dénonce régulièrement de graves discriminations dont sont victimes les  ethnies montagnardes. *(1)

 

Sur la route de Muang Sing, avec notre scooter, nous ne dépassons pas les 40km/heure :

dans les fonds de vallée  privée de lumière  par une végétation touffue, la chaussée est fortement dégradée.

 

Sur le bas-côté de la route, dans de gros bidons, de jeunes ouvriers chauffent au feu de bois du goudron qui servira à raccommoder l’asphalte esquinté.

 

Des sentiers en pente abrupte, semés au grès villages isolés, font des saignées orange dans le la jungle qui habille de vert les montagnes.

 

Au détour d’un virage, posées prés d’un ruisseau, des maisons de bois sur pilotis dont le seul luxe est le panneau solaire fourni par des ONG, s’enrichissent d’un potager parfaitement entretenu.

 

 Les habitants des montagnes sont pauvres, laborieux et ne quémandent pas. Beaucoup de ses tribus ne parlent pas le Lao, mais un dialecte souvent proche du Chinois.

 

Lorsque la rivière enfle et pousse les collines, de petites parcelles sont ménagées pour faire croître le riz ou le maïs. À l’approche de Muang Sing, la plaine étale de vastes rizières jusqu’aux parois grises des montagnes de Chine. Dans ce gros bourg, convergent les ethnies montagnardes venant faire le négoce.

 

Les femmes, en petits groupes, coupent  le Dok Khaem, ces herbes plumeau qui colonisent les marais et les pentes grasses défrichées des collines. Elles vendront au poids leur  récolte qui sera achetée par des Chinois. Sur les paddy fraichement moissonnés, le Dok Khaem sera étendu sur le chaume du riz, le temps nécessaire au séchage ; Les chinois en feront des balais ou du tissu.

 

Pas encore tout à fait Chinois mais déjà plus Lao, Muang Sing sent le gas oil des camions et des motos ; les restaurants affichent les calendriers Chinois et les pendules ont une heure d’avance…l’heure de la Chine.

 

Autour de larges tables rondes, des groupes d’hommes se restaurent bruyamment, fument et descendent les mauvais whiskies…Ils sont souvent jeunes, se comportent en terrain conquis et oublient leur crasse sous la table…ils sont Chinois.

 

Les Lao, affables et discrets, débarrassent les assiettes et les bols encombrés de mégots sans broncher.

 

Sur la route du retour nous nous arrêterons au fil des villages.

 

Pauvres parmi les pauvres sont les familles qui débardent le bois à flanc de collines : elles vivent leur journée au bord de la route ; les femmes coupent le Dok Khaem et préparent le riz sur le bas côté pendant que les hommes font tomber les troncs d’arbre.

 

Il fait froid dans ces vallées ; Le paysage est splendide pour celui qui ne fait que passer.

 

La vie n’est pas douce pour ces paysans endurcis ; dans leur regard sans envie se dessine l’absence du lendemain.

 

*(1) Copie d’article de presse relatant un fait divers insolite survenu à Dinan (22) en 2011.



21/01/2013
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