Le Ranquet en Vadrouille...Carnet de route.

Le Ranquet en Vadrouille...Carnet de route.

Ethiopie 21, Addis Abeba mérite bien un retour.

Ethiopie 21,  Addis Abeba mérite bien un retour…

 

 

 

Nous n’avions pas le choix.

 

 

 Pour poursuivre notre voyage et côtoyer le Nil comme nous souhaitons le faire, il nous faut le visa du Soudan qui ne s’obtient qu’à l’Ambassade à Addis.

 

 

La validité du visa de transit étant limité à 15 jours, ce délai était insuffisant  pour entreprendre la vadrouille  que nous avions prévue dans le nord du pays.

 

Nous risquions de nous pointer au poste frontière avec un visa caduc.

 

Il nous a donc fallu rejoindre une nouvelle fois le grand chantier de la capitale, supporter ses rues embrumées de poussière et de gaz d’échappement.

 

 

À chaque déplacement, réapprendre  prudemment à se faufiler dans le flux incessant des véhicules.

 

 

Addis est épuisante.

 

 

Mais c’est aussi un retour agréable dans une pension déjà vue, dans le populaire quartier bordélique de Piazza  qui  nous va bien ; 

 

 

 

 

 

 

 

Une intime impression de revenir en territoire de connaissance en reprenant des habitudes qui nous font pousser les mêmes portes des bistrots et des  petits restos.

 

 

 

Un retour à Addis sans trop de  douleur, où avec plaisir nous retrouvons les bonnes pâtisseries de chez «  Enrico » et bien sûr le meilleur café d’Afrique comme savent fièrement le vanter les gens d’ici en franchissant l’entrée  de « Tomoca », une institution dans la capitale !

 

 

 

 

 

 

 

C’est clair, le café ne l’est pas… il est dense, puissant et  aromatique :

 

 

« Tomoca » c’est l’excellence dans un petit espace  où Balzac est honoré en langue française !

 

 

 

 

 

 

 

 

Peu à peu nous nous sommes familiarisés avec cet environnement anarchique, au point de ne retenir que les bonnes rencontres et oublier le reste !

 

 

 

Ce qu’on n’oubliera pas, car on ne peut pas ne pas l’avoir en mémoire, c’est nos trois déplacements à l’Ambassade du Soudan pour obtenir le fameux sésame qui nous ouvre les portes (du désert) du pays des Pharaons Noirs.

 

 

 

C’est une véritable épreuve, un cauchemar pour certains :

 

Un premier déplacement pour avoir l’assurance que notre dossier sera conforme au moment du dépôt.

 

 

 

 

Un second déplacement pour remplir les formulaires, payer les droits  et déposer la demande.

 

 

Enfin une dernière « visite » pour récupérer le précieux tampon de la République du Soudan.

 

 

 

C’est absolument invraisemblable : il faut imaginer une foule, essentiellement des jeunes qui se massent dans un bâtiment où trônent deux bureaux  où l’on devine encore l’emplacement des encriers…

 

 

Combien sont-ils à se tasser  à l’intérieur, dans la cour et derrière les grilles jusqu’à  alimenter  le trottoir d’une procession humaine qui n’en finit pas de gonfler…

 

 

Combien sont-ils à supporter les vociférations de quelques agents de sécurité surexcités, qui n’hésitent pas à taper (parfois à cogner) sans distinction de genre…

 

Les filles comme les jeunes gens n’ont qu’à bien se tenir !

 

 

 

C’est la confusion la plus totale.

 

 

Aucune organisation, aucun guichet dédié, des fonctionnaires dépassés par ces afflux incontrôlés, aucune possibilité d’information fiable, pire des agents qui se contredisent entre eux, impossibilité absolue de faire le tri dans ce foutoir humain où l’on sent la détresse de ces candidats à l’immigration.

 

 

 

C’est véritablement impressionnant, durant notre attente, on s’est collé au mur, Marie ayant été bousculée à deux reprises sans ménagement.

 

 

 

Nos documents sont validés…Presque !

 

 

Il nous manque l’indispensable nom du « manager of your hotel in Khartoum ?»

 

 

«I need a name ! if you don’t know, come back tomorrow sir ! »

 

 

 

Cette question me perturbe un moment. Il n’est pas question que l’on perde une journée de plus !

 

 

 

 Mais oui bien sûr,  je connais le nom du patron de l’hôtel que j’ai trouvé sur Internet…

 

 

Ça va me revenir, un moment…C’est …Omar, oui c’est ça, Omar… euh…Omar Mensour…C’est pas mal ça, non ? Ça fait Soudanais…

 

 

 

Le stylo de la fonctionnaire glisse sur le formulaire, elle inscrit le nom que je viens de lui donner !

 

 

Il faudra attendre de longues heures pour qu’on nous appelle afin d’effectuer le règlement :

 

84 US par personne, sans reçu…

 

 

Valable pour combien de temps ? On ne sait pas…On verra ça demain !

 

 

Le lendemain, nous  suivrons les instructions à la lettre. Il faut être présent à partir de dix heures pour la restitution des passeports.

 

 

  À l’heure indiquée, on nous dit de repasser à 14 h…

 

 

Nous gardons difficilement notre calme dans ce capharnaüm identique à la veille.

 

 

On tente une explication, on nous a bien dit d’être présents à 10 H…Un miracle s’opère, on nous tend les passeports, visa valable deux semaines dans un délai d’un mois…Il nous faudra demander (et payer) l’extension à Khartoum.

 

 

On ne se plaint pas.

 

 

 

Devant nous, l’épreuve qu’endurent les Ethiopiens est tout autre !

 

Traités comme des moins que rien par les agents de l’Ambassade, ils sont des centaines à espérer chaque jour le précieux visa les autorisant à entrer au Soudan.

 

 

Que vont-ils faire au Soudan ? Du tourisme officiellement…

 

 

 

Personne n’est dupe. Du Soudan, ils tenteront de gagner la Libye, puis la méditerranée, on connait la suite.

 

 

 

Le taux de croissance de l’Éthiopie avoisine les 10%. Comment alors expliquer le flux de jeunes  prêts à tout pour tenter l’ « aventure » si périlleuse de l’exode ?

 

 

Pourquoi, malgré les témoignages accablants décrivant l’enfer des camps de rétention de l’Ouest Lybien, (violence, torture…), les migrants continuent d’affluer par centaine ?

 

 

Combien de temps encore perdurera le marché aux esclaves que le monde occidental ne veut pas voir ?

 

 

 

On se dit que parmi ces visages que nous avons observés, parmi ces regards que nous avons croisés, tous ne reverront pas leur pays, la splendide Abyssinie qui n’a pas su les retenir !

 

 

 

Nous sortons de cette expérience épuisés. Les nerfs sont mis à rude épreuve.

 

 

 

Nous avons nos visas, comme des enfants égoïstes nous sommes contents, soulagés…

 

 

 

Ce soir, nous irons chez Louis et Miheret, un sympathique couple franco/éthiopien qui pilote « Le  Montmartre », joli restaurant, cuisine variée, plaisir assuré !

 

 

 

 

 

 

Nous boirons du vin et profiterons de l’expérience de Louis en terre éthiopienne, un pays qu’il connait bien, un pays qu’il sait vendre avec passion au juste prix !

 

 

 

Une très belle rencontre !

 

 

 

 

 

 

Demain, aux portes de l’Ambassade du Soudan, le cortège de candidats pour un « futur meilleur» se reformera, les chiens de garde ne cesseront pas d’aboyer, l’Éthiopie continuera de perdre  une partie de ses enfants.

 

 



03/01/2018
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