Le Ranquet en Vadrouille...Carnet de route.

Le Ranquet en Vadrouille...Carnet de route.

16, Argentine, Iruya, un bout du bout du monde.

16, Argentine, Iruya, un bout du bout du monde.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

J’ai les lèvres gercées…L’altitude probablement, le soleil aussi, la montagne certainement.

 

 

Je lui ai demandé naïvement à combien de kilomètres nous étions de Buenos Aires. Il a eu l’air surpris et a éludé la question.

 

 

J’ai reformulé ma demande en lui demandant cette fois si la frontière était proche.

Son visage, alors s’est éclairé et comme une leçon apprise depuis des lustres, il m’a lancé :

 

 

« Dos dias y dos noches, caminando ! »

 

 

Ici, à San Isidro, la montagne sépare la Bolivie du Nord-Ouest Argentin.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Mais, c’est cette même montagne qui cimente les Coyas de part et d’autre de ces redoutables sommets qu’on contemple avec respect.

 

La géographie, les guerres d’indépendance, la politique, le hasard parfois, tout cela a fait que la sierra borne une frontière sans pouvoir désunir los hermanos qui appartiennent à la même ethnie.

 

 

Retour sur une échappée dans un autre monde, une autre Argentine :

 

 

Il faut prendre les tickets de bus « con anticipation », terminé le grand confort des « cama coche ».

 

 

 

 

 

 

 

 

Si les sièges, on le comprend assez vite, ont supporté de nombreux fessiers, le bus de la Panamericano reste toutefois acceptable tant le décor derrière les vitres empoussiérées est captivant :

 

 

 

 

 

 

 

 

Scènes de vie rurale loin d’un monde moderne, bétail dans les enclos de pierres sèches, labour à la cadence du pas des bœufs attelés à l’araire…

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 À quarante kilomètres heure de moyenne, le bus brinqueballe sur une piste de gravier qui grimpe jusqu’à 4000 mètres. 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

En haut du col le chauffeur marque l’arrêt.

 

Un moment de détente sans doute, avant d’affronter une interminable succession de lacets qui semble se précipiter dans un abîme aux flancs bleutés.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Le bus, minuscule fétu de paille dans ce décor immense, entame une plongée vertigineuse balisée sur le bord de quelques pierres peintes en blanc marquant la limite à ne pas dépasser.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Maintenant c'est une moyenne de vingt kilomètres heure, pas plus, pour prudemment dévaler la pente, l’odeur des plaquettes de frein qui chauffent se répand dans l’habitacle.

 

 

Après plus d’une heure de descente, en fond de vallée, le village d’Iruya se dessine.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Le pueblo d’Iruya semble être tombé du ciel.

Il s’est accroché à la montagne pour ne pas dégringoler plus bas dans le rio.

 

 

 

 

 

 

 

 

Haut dans l’azur, les condors planent sur ce village quadrillé de ruelles qui montent et qui descendent.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

À part les terrasses, rien n’est horizontal ici !

 

Chaque venelle est pavée de gros galets roulés que le rio Milmahuasi a généreusement offert à ce peuple montagnard.

 

 

 

 

 

 

 

 

Nous logeons chez Dora, un hostal bien tenu.

 

 Lits confortables, draps immaculés, emballés comme un cadeau sous de lourdes couvertures de laine :

 

à près de 3000 mètres, ici, les nuits sont fraîches.

 

Iruya, c’est gros comme un confetti coincé sur une paroi rocheuse.

 

 

 

 

 

 

 

 

Dans la langue Quechua, Iruya signifie « paille abondante » en faisant  référence à l’époque précolombienne où les routes du commerce partaient du Haut-Pérou vers ces nouvelles terres, cachées derrière les montagnes.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Certainement, il y a des lustres , une promesse de nouveaux espaces qui restaient à découvrir.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Il faut descendre dans le lit principal du rio, large et tourmenté ;

 

 

Ensuite, il faut progresser tranquillement sur les galets, traverser à de nombreuses reprises le chevelu de minuscules rivières qui déboulent des flancs abrupts de la montagne, gagner les sentiers tracés par les 4x4, et au bout de trois heures de marche on atteint San Isidro.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

San Isidro, un village qui n’existe pas sur les cartes, encore plus perché qu’Iruya.  

 

 

 

Un village ramassé autour de son église qui observe du haut d’un promontoire, le rio s’élargir, se gonfler pour finalement envahir la vallée à la saison des pluies.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

C’est à San Isidro que je l’ai rencontré :

 

il a la tête d’un pur Andin, le visage cuivré, les yeux plissés et le cheveu noir.

 

 

Il m’a indiqué le comedor « Térésa », « una buena comida ! » a-t-il ajouté.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Dans ce décor de bout du monde, j’ai compris, un peu tard, que mon interrogation sur la distance séparant San Isidro de Buenos Aires, n'avait pas de sens pour ce montagnard.

 

 

Buenos Aires c’est loin, c’est si loin !

 

 

J’aurais voulu avec lui rire de ma bêtise, mais j’ai les lèvres gercées… 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Conseils aux voyageurs:

 

Iruya /San isidro compter 6 heures de marche aller et retour dans un univers splendide !

 

Pour quitter Iruya, un bus tôt le matin, à 6 h pour rejoindre Humahuaca, trois heures de route.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 



22/11/2019
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