Le Ranquet en Vadrouille...Carnet de route.

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Ouganda 6 : Une journée en montagne...

Une journée en montagne :

 

 

 

 

 

 

Les Rwenzori  constituent la chaîne de montagnes  la plus élevée d’Afrique comprenant plusieurs sommets culminant à plus de 5000 m.

 

 Seuls le Kilimandjaro et le mont Kenya, volcans éteints et isolés, dominant les savanes de Tanzanie et du Kenya, contestent avec près de 6000 m la suprématie  de l’altitude des sommets Ougandais !

 

Cette chaîne de montagnes longue de 120 km,  qui coure le long de la frontière Congolaise, a vu sa formation liée à l’émergence du grand rift Africain.

 

De nombreux treks sont organisés sur ces superbes hauteurs, mais uniquement les alpinistes confirmés peuvent tenter l’aventure sur les glaciers Margherita (5109 m) ou Alexandra (5083 m).

 

Bien que l’altitude  soit inférieure de près de 1000 m par rapport au Kilimandjaro, une course de 8 à 10 jours dans les Rwenzori ne peut concerner que les trekkeurs chevronnés !

Pour des  aptitudes plus modestes mais nécessitant toutefois des qualités d’endurance, des sorties de 3 jours sont proposées sur ces escarpements abrupts.

 

On nous avait prévenu…Une seule journée en moyenne montagne  allait être « exigeante ».

 

Fort de notre expérience du Kilimandjaro, nous nous sommes fait déposer à l’accès d’un sentier menant à des villages de montagne et nous avons entamé l’ascension sans grande crainte.

 

 

 

 

 

 

 

Très rapidement la pente se raidit, le sentier devient vite étroit, il faut réduire la hauteur des bâtons télescopiques pour s’adapter à la rampe, le soleil tape, le souffle se raccourcit au fil de la montée, le dénivelé est important !

Cette entrée en matière est de loin plus sévère que les premières journées du Kili !

 

Nous abordons le premier village dans un décor enchanteur, les parcelles en pente sont largement cultivées :

Pommes de terre en fleur, haricots verts, maïs, choux, tomates, caféiers et d’innombrables bananiers disputent l’espace à quelques pâturages.

 

Ici, sous l’équateur, la terre est noire, humide et  gorgée d’humus.

Les paysans rencontrés nous ont salué, le labour se fait à l’aide de la houe, le labeur est éreintant sur ces raidillons mais la terre est nourricière :

Plusieurs récoltes sont possibles dans une même année.

 

Les talus et les bords de sentiers sont  fauchés à la machette (1*)… Cette lame à tout faire est omniprésente dans le paysage rural.

Hommes et femmes semblent  se répartir les travaux agricoles ; les enfants qui ne sont pas à l’école, très jeunes sont mis à l’ouvrage.

 

 

 

 

 

 

 

 

Nous avons poursuivi notre marche en gagnant lentement de l’altitude ; c’est dans un formidable nuancier de verts  enluminant les versants pentus que nous avons aperçu l’école:

 

Sur un très petit plateau dominant la vallée et ménageant une surface suffisante  pour pouvoir jouer au foot, l’école publique de Musandama a planté ses bâtiments modestes pour accueillir  les 400 élèves  qui observent avec surprise les deux blancs essoufflés, venir à la rencontre de la directrice qui semblait nous attendre.

 

 

 

 

 

 

 

 

 Une fois les présentations d’usages effectuées, la directrice nous fait signer le registre des visiteurs et nous  guide vers un bâtiment couvert en tôles où le maître  fait son cours de maths.

 

Les enfants, tous en uniformes, têtes rasées et souvent nu- pied, se lèvent  et applaudissent à notre venue…

 

Marie se dirige vers l’instituteur, qui dans un large sourire lui laisse la place face aux élèves attentifs.

De son  sac à dos, Marie va sortir une arme redoutable , un sac plastique contenant un livre (2*) :

 

Les enfants se sont tus et ont observés l’ « invitée »présentant le livre en feuilletant lentement les pages à leur intention.

 

 

 

 

 

 

 

Parcourant la salle de classe, le murmure d’étonnement du départ  s’est  transformé en un sympathique brouhaha d’approbations.

 

Les enfants ont rapidement tout capté du mécanisme des illustrations, le pari a été aisément gagné, cinq minutes ont suffi  pour provoquer l’intérêt des gamins !

 

Nous avons continué notre  ballade à travers les collines, passant au-devant d’humbles maisonnettes en pisé parfaitement entretenues, dont le seul luxe parfois, est la couverture en tôle ondulée au lieu du traditionnel chaume.

Les biquettes à l’attache, les poules qui fouillent sous les bananiers et les chiens qui dorment indifférents  à notre passage, complètent  le tableau.

 

 

 

 

 

Nous sommes redescendus dans la vallée par un versant opposé ; le hasard a fait que le sentier emprunté  nous a menés vers un bâtiment fatigué, tout en longueur à la toiture basse  où s’entassaient 240 élèves.

 

L’unique enseignant  de cette école était ravi de cette visite aussi imprévue qu’improbable…

Marie a renouvelé l’exercice du livre, cette fois en plein air, la magie a de nouveau opéré !

Tout au long de notre descente vers la vallée, les enfants surplombant le chemin, nous ont salué jusqu’à plus nous voir.

 

 

 

 

 

Après avoir patienté près d’une heure et demie sur le bord de la route, c’est finalement un Pick Up du Ministère de l’Agriculture qui nous a chargés  sur le plateau arrière.

 

Confortablement assis sur un tapis de caoutchouc tressé dans des lanières de pneus usagés, nous  sommes rentrés à Fort Portal laissant derrière nous les massifs du Rwenzori  obscurcis  par l’orage quotidien de fin d’après-midi.

 

 

 

A l’arrivée en ville, j’ai proposé un dédommagement pour le coût de l’essence.

Le conducteur a poliment refusé…Situation rare en Afrique, très rare !

 

 

 

 

 

 

 

 

(1*) : La machette est un outil agricole largement répandu dans la région des grands lacs et dans de nombreux pays Africains.

 

 

 

C’est une large lame qui s’utilise dans un mouvement de balancier permanent, coupant dans les deux sens.

 

Elle est particulièrement utilisée dans les tontes de talus et dans l’entretien des parties enherbées en ville, le résultat est étonnant quant à la qualité de la coupe. Indispensable à la coupe des lourds régimes de bananes plantains, les paysans s’en séparent rarement.

 

 

 

(2*) : Le livre que présente Marie dans les écoles s’intitule « un livre » de l’auteur Hervé Tullet édité chez Bayard jeunesse.

 

 

 

C’est un livre d’animation dont chaque page fait intervenir l’imaginaire de l’enfant en provoquant un résultat surprenant à la page suivante…

 

Pas de barrage de langage, pas de problème de compréhension, rien que la magie de l’illustration !

 



21/09/2012
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