Le Ranquet en Vadrouille...Carnet de route.

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Thaïlande 1, Chiang Mai

Thaïlande 1,

 

Chiang Mai, Nord Thaïland.

 

«  Le voyageur voit ce qu’il voit, le touriste voit ce qu’il est venu voir »   G. K. Chesterton

 

Les petites bananes sont douces et naturellement sucrées. Il faut les choisir encore fermes et pas trop avancées. Elles sont détaillées en rondelles épaisses et plongées dans un lait de coco frémissant durant cinq minutes. En addition, un soupçon de sucre, une pincée de sel et la subtilité d’une essence de citronnelle confisquent toute lourdeur à ce dessert simple et délicat.

 

Laisser reposer. Parsemer de graines de sésame au moment de servir…

 

Le lait de coco enrobe d’une crème pulpeuse la chaire fondante du fruit ; C’est un dessert étonnamment aérien et léger.

 

Un lait de coco léger comme le salaire des paysans Thaïlandais : les ouvriers agricoles dans ce secteur gagnent moins de 300 baths par jour (7,5 Euros), c’est en dessous du minimum légal du pays et ils ne bénéficient d’aucune couverture sociale.

 

Sans le précieux fruit, le curry Thaï perdrait de son originalité, la noix de coco est incontournable en Thaïlande. Lait, crème et pulpe sont engloutis en grande quantité dans le pays.

 

En dépit de cette forte consommation, le paysan tire un revenu dérisoire de sa laborieuse besogne : la politique agricole du gouvernement néglige le sort des producteurs qui doivent de surcroît faire face à un problème parasitaire qui prend de l’ampleur chaque année.

 Un insecte ravageur s’attaque aux bourgeons du cocotier ; déjà de vastes plantations sont totalement anéanties dans la région méridionale de Surat Thani sans que les autorités ne semblent s’en émouvoir.

 

Comme des touristes étourdis par le trop de soleil des plages de Puket et venus prendre la fraîcheur vers le nord, l’insecte dévoreur, lui aussi migre dangereusement dans la même direction.

Au sud, les producteurs de noix de coco disparaissent comme leurs arbres. Si rien n’est rapidement entrepris, l’inévitable est pour demain; les luxuriantes palmeraies bruissant dans la brise ne seront plus qu’un souvenir pour les populations de la péninsule.

Il faut dix ans de soin à un cocotier avant qu’il ne commence à produire.

 

Extrait du « Bangkok Post » 25  Octobre 2012 :

 

“Les noix sont récoltées par des ouvriers agricoles, puis confiées à une équipe qui enlève l’enveloppe extérieure. Une autre équipe creuse l’écorce du fruit jusqu’au kala, la coque dure et brune qui se trouve à l’intérieur. Une fois celle-ci cassée, on verse le jus de coco dans des sacs et on retire la pulpe. Pour que celle-ci soit parfaitement blanche, il faut bien gratter pour enlever la pellicule extérieure. Voilà notre méthode de travail.”

 Comme il ne reste plus beaucoup de producteurs, le gouvernement autorise les usines à importer des noix de coco d’Inde, d’Indonésie et de Malaisie, qui sont bien meilleur marché que celles récoltées ici. C’est pourquoi les usines achètent à très bas prix la pulpe des noix de coco thaïlandaises. Et elles disent qu’en cas de baisse des commandes sur le marché international elles réduiront leur production et paieront encore moins.”

 

Au fond du ramequin, je n’en perds pas une goutte…Je lape le savoureux coulis ivoire marbré des sucs de la banane. La ravissante serveuse, le visage fin éclairé d’un large sourire, s’enquiert de savoir si j’ai aimé : en Français je lui réponds « formidable! », ignorant d’où provient la noix de coco…

 

J’appartiens aux 21 millions de touristes qui chaque année débarquent à Bangkok, un chiffre en constante augmentation. (+ 8,66 % en 2011).

Ici, peut être plus qu’ailleurs, la préoccupation du touriste n’est pas de savoir quel est le salaire moyen au « Pays du sourire », ou de connaitre les conditions dans les quelles les « petites mains » fournissent robes, shorts, tricots et chemises…Lorsqu’il pose le pied sur le tarmac de la Capitale, le touriste est mûre pour fondre sur la plage, monter sur le dos des éléphants, savourer l’excellente nourriture et accessoirement faire un tour au bordel…Le tout, quelque soit l’option du moment, à un prix ultra compétitif !

 

La Thaïlande est un pays pauvre ; Moins pauvre que ses voisins, mais reste un pays pauvre avec d’énormes disparités…le touriste l’oublie souvent.

 

Une courte halte en Thaïlande avant de partir pour le Laos voisin nous a permis de découvrir Chiang Mai, la ville importante du Nord du pays.

 

Autrefois considérée comme une retraite agréable aux pieds des montagnes, Chiang Mai est devenue une bourdonnante cité où l’on parle Français, Allemand, Russe et Anglais évidemment…

La vieille ville est un ghetto à touristes, les rues sont bordées de fast food occidentaux, restaurants en tout genre, cyber cafés, cuisines ambulantes de rue, salon de massage, agences de voyages, loueurs de scooters.

D’une rue à l’autre les innombrables commerces semblent s’ordonner à l’identique…

 

Subissant une chaleur tropicale que modère la proximité des montagnes, la cuvette de Chiang Mai souffre d’une constante pollution qui bleuit et embrume les lignes de crête…

Au soleil couchant, les dorures des trois cents temples Bouddhistes que compte la ville, s’embrasent à chaque crépuscule.

 Sous les tropiques la nuit tombe vite, mais les enseignes lumineuses qui jalonnent les passages les plus sombres de la vieille ville ramènent l’étranger à sa guesthouse en toute quiétude.

Le voyageur de passage peut porter un jugement sévère sur cette cité…Mais Chiang Mai sait se défendre seule face aux critiques. Un charme incontestable émane de ses vieux remparts qui servirent autrefois à  protéger la population des invasions Birmanes.

 

L’éternel sourire des Thaïlandais, la cuisine du nord parfumée aux épices enragées et la douceur des nuits chaudes achèvent de séduire le promeneur.

 

La Thaïlande est un pays de séduction.

 

Chiang Mai se ruine d’un trop plein mais continue à faire jouir celui qui s’y arrête !

 

  



08/01/2013
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