Le Ranquet en Vadrouille...Carnet de route.

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Panama 2, Bastimentos, sable blanc et sombres histoires...

Panama 2,

Bastimentos, sable blanc et sombres histoires…

 

 

En me montrant la carte détaillée, peinte sur la cloison de bois, Saïna me l’assure:

« es possible de caminar a la playa… »,

Elle est du village, elle connait !

 

 

Elle parle d’une marche de vingt minutes à une demi-heure pour rejoindre la magnifique Wizard beach.

 

 

Elle dit le sentier en forêt boueux à cause des pluies récentes.

 

 

Hier, en soirée nous avons vu des marcheurs paraissant revenir d’un mud day, de la boue jusqu’en haut des cuisses, t-shirt cradingues.

Ceux-là revenaient de Wizard beach  après un passage en jungle tropicale !

 

 

La solution la plus propre c’est d'embarquer sur une lancha qui vous débarque directement sur cette légendaire  plage "carte postale"!

 

 

 Mais nous souhaitons découvrir la plage côté jungle, à pied.

 

Nous partirons donc en matinée en suivant le chemin qui descend sur cette fameuse plage.

 

Nous ne tarderons pas à nous enfoncer dans la fange, les espadrilles se dérobant dans les trous de boue en faisant des bruits de succion.

 

Il faut donc récupérer les pompes à la main et continuer nu pieds, c’est plus pratique.

 

Le sentier est par endroit très casse-gueule, très pentu.

 

impossible de ne pas glisser.

Les racines et les branches d’arbre auxquelles on peut s'accrocher, évitent en principe les lourdes chutes.

 

 

Au bout de trois quart d’heure (bien plus long qu’annoncé !) on aperçoit du bleu qui filtre dans le vert de la forêt et c’est bien le bruit des vagues que l’on perçoit.

 

 

Plage déserte, enfin presque…

 

Deux « locaux » sous une cabane tissée de feuilles de palmier travaillent du bois.

 

Ils me confirment qu’en longeant le littoral une trentaine de minutes supplémentaires on atteint le deuxième paradis, Red Frog beach!

 

 

Ils me paraissent avares de commentaires, me répondent laconiquement et je sens comme quelque chose qui cloche dans leur réserve de mots, comme du « non-dit ».

 

 

Absolument seuls!

 

 

On se lave les jambes dans les rouleaux écumants.

 

Cocotiers  penchés sur le sable blanc, immense plage bordée par la mangrove.

Et le bleu du ciel qui se confond avec l’océan !

 

Une très belle plage c’est vrai! à faire rêver c’est sûr!

 

Mais ceux qui connaissent la Bretagne de Crozon au Cap Fréhel ne s’extasieront pas plus qu’il ne faut.

 

 

Ah, évidemment, ici on a en plus les cocotiers et une eau à 30°: ça fait la différence !

 

 

Nous marchons le long de la plage et me reviennent en mémoire les « conseils » de Saïna :

 

 

 « Ne prenez avec vous uniquement ce que vous avez besoin pour un rafraîchissement  sur Red Frog, de la menue monnaie, pas de carte bancaire, pas de passeport… »

 

 

Ça sonne comme un avertissement et je crois sentir dans mon dos le regard des deux bûcherons dans l’ombre de leur cabane.

 

Parano inutile, le temps est clair !

 

 

Cette plage devient insolite:

Où sont donc les amateurs de solitude ?

 

 

Plus loin, derrière quelques récifs que l’on devine à peine, s’étend le second bijou de Bastimentos, la plage de Red frog, il suffit de contourner la roche formant une péninsule pour fouler le sable blond !

 

 

Plus nous approchons de l’extrémité de la plage, et plus la mangrove devient prégnante, le sable finit par s’effacer et la roche noire domine, escarpée, battue par les vagues.

 

 

Derrière nous, une jungle épaisse qui colonise des collines aux pentes raides.

 

Ce que j’imaginais être un simple coude de roche masquant la baie promise, s’avère être une masse rocheuse importante avec des décrochages tombant à pic dans des trous d’eau  bien chahutés par les vagues.

 

 

Nous sommes engagés sur la roche, marée montante, les vagues cognent dures, le ressac devient problématique.

 

Nous tentons un sentier improbable sur la colline en escaladant une paroi qui ne nous mène nulle part.

 

Retour sur la roche enjambant des anfractuosités bouillonnantes d’écume.

 

Bien trempé, nous progressons lentement, nous n’avons plus le choix, on s’accroche à l’escarpement choisissant prudemment où poser les espadrilles, ici bien utiles!

 

Je ne me souviens plus du  temps que nous avons passé à contourner cette grosse épine, épisode imprévu dans notre journée.

 

Nous nous en sommes sortis avec la chance qu’il fallait et une marée qui n’était pas encore au plein !

 

 

En arrivant sur Red Frog, les serveurs de l’unique bar de plage furent étonnés de notre parcours.

 

L’un d’eux nous demanda si nous avions pris le sentier…Quel sentier ? Aucune indication, aucun tracé balisé.

 

 

Les coupeurs de bois nous ont laissé faire, sachant pertinemment que nous allions au-devant de difficultés.

 

Imaginaient-ils que nous allions passer par la forêt pour éviter les roches ? Y avait-il un calcul  sournois à exploiter ?

 

 

La satisfaction était au rendez-vous sur Red Frog, d’autant que nos aventures à la Indiana Jones nous avaient secoué un brin !

 

On en oubliait presque les fameuses et minuscules grenouilles rouges qui peuplent la mangrove!

 

 

La police maraude sur la plage en demandant instamment de ne pas laisser les effets personnels sans surveillance.

 

Tout cela m’a paru exagéré, il y a peu de monde et le sérieux danger vient des vagues à  contre-courants et  des killer waves :

 

Puissance de la vague, reflux violent, ne pas lutter, se laisser porter par le courant et nager parallèlement à la plage pour revenir au calme !

 

 

Nous allions à la rencontre d’une bière fraîche quand j’ai aperçu sa longue carcasse, nez busqué, visage souriant, cheveux longs bouclés encore un peu blond.

 

La démarche nonchalante acheva de me convaincre :

C’était bien Johan qui était planté là devant nous !

 

Incroyable quand même!

 

Une étonnante retrouvaille sur cette plage du Panama.

 

L’allemand solitaire, nous l’avions rencontré, en Afrique de l'Est,  sur les rives du lac Malawi en novembre 2012 !

 

À l’époque, Il terminait une escapade d’une année en  remontant le continent africain en direction de la Tanzanie, nous descendions vers le Mozambique.

 

 

Nous avions partagé peu de temps, mais assez pour nourrir des sympathies communes.

 

Ça a été un vrai bonheur de nous revoir, Johan viendra dans notre hébergement profitez de la  Wi fi et nous nous retrouverons le lendemain à nouveau sur la plage de Red frog!

 

 

Il nous sera de bon conseil pour l’Equateur qu’il connaît bien.

 

 

Bien entendu, nous avons pris la lancha pour revenir à nos pénates, nous n’envisagions pas le même bazar pour parcourir le sens inverse.

 

 

Aucun espoir d’être sélectionné pour koh lanta, nos articulations ne sont plus assez souples!

 

Red Frog est une belle plage:

Comme il en existe des centaines dans le monde ! Les Panaméens en sont fiers.

 

 Quelques années auparavant, il était encore possible de jouer les "Robinson Crusoé" dans le coin.

 

 

L’époque est révolue, une importante société américaine a « aménagé » à coup de bulldozers un complexe « écolo » !, villas avec piscine, marinas et projet de golf.

 

 

Red frog beach résiste encore…Profitons-en !

 

 

 

L’envers du décor : Sable blanc et sombres histoires.

 

 

 

 

Bastimentos est une île et un petit village de pêcheurs. Pas de route, pas de voiture, donc des barques à moteur.

 

 

 

Peu de monde dans cette communauté descendant des Jamaïcains et des indiens Ngäbe Bugle.

 

 

 On estime la population à 1500 âmes, autrement dit tout le monde connaît tout le monde !

 

 

 

Le tourisme, même s’il reste encore confidentiel, révolutionne l’île au bord du Parc National Marin.

 

 

La pêche fait déjà « petit bras » à côté des ballades en bateau et excursions proposées aux vacanciers.

 

 

Les deux perles de l’île, ces fameuses plages difficilement accessibles par les chemins scabreux, constituent un enjeu financier pour les possesseurs de lanchas.

 

 

 

 

 Sur place on ne décourage pas le touriste de tenter l’aventure à pied, à travers la jungle, expérience « inoubliable » pour la découverte des sables blond.

 

 

 

 

 C’est facile nous dit-on, mais mieux vaut prendre un guide !

 

 

Alors si c’est facile, pourquoi donc payer un guide pour marcher ?

 

 

 

Le discours est à double sens.

 

C’est du style, si vous y allez seul, c’est çà vos risque et péril !

 

 

 

Payer donc un guide ou payer la lancha.

 

Ce sont les mêmes qui opèrent de toute façon!

 

 

La nuance est subtile :

 

On laisse partir les téméraires  à pied et on a les moyens de les calmer.

 

 

 

Quelques jours après nos « aventures » d’escalades au-dessus des flots bleus, nous rencontrerons un jeune couple Bretons de la région de Dinan, spécialisé dans la construction de cabanes dans les arbres.

 

 

 

En évoquant la plage de Red Frog, ils nous conteront leur aventure pas cool du tout :

 

 

confrontés à la même difficulté, ils ont fait un choix différent, refusant d’escalader les roches et préférant traverser la forêt.

Il est fort à parier qu’ils étaient surveillés de loin dans leur option.

 

 

 

un coup de fil est vite donné, on renseigne sur le choix opéré, passage dans la jungle ou escalade des rochers.

 

 

 

 

Ils se sont retrouvés face à un homme en treillis, cagoulé et une machette tremblante sous le nez ! Un chien accompagnait le Rambo local.

 

 

Ils n’avaient ni argent, ni carte bancaire ! l'agresseur n'a pas insisté.

 

 

La jeune femme a remarqué le regard pas net, un peu trouble, de l’homme des bois.

Avertissement sans frais et retour à la case départ, de la boue jusqu’aux oreilles !

 

 

 

L’histoire ne s’arrête pas là :

Le lendemain ils reconnaîtront le chien  près de son maître, patron d’une lancha effectuant les inter-îles pour les touristes.

 

 

Les plaintes à la police demeurent vaines, sans suite.

 

 

Tout le monde connaît tout le monde !

 

 

 

Je ne souhaite pas être alarmiste, il faut juste savoir que ce genre de situation n’est pas isolé.

 

population complice ? Difficile à dire…Mais sombre histoire sur sable blanc !

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 



22/01/2016
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