Le Ranquet en Vadrouille...Carnet de route.

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Mozambique 2: la piste de Mandimba à Cuamba,

Mozambique 2 ,

 

 

 

La piste de Mandimba à Cuamba,

 

 

 

Mandimba, ville frontière, ville de poussière:

 

 

Larges artères de terre damées sous les flamboyants qui sur un sol sec sèment leurs fleurs rouges.

 

 

Les Mozambicains parlent le Portugais depuis que Vasco da Gama a trouvé  les côtes Mozambicaines à son goût en 1498 (historiquement, les premières expéditions  débarquèrent avant Vasco).

 

 

Dans cette région reculée du Nord Mozambique, nous ne percevons pas un changement notoire avec le Malawi que nous venons de quitter.

 

 

Cependant, nous nous heurtons rapidement au barrage de la langue :

 

 

Terminé les « How much ? »

 

nous passons au « Cuanto ? ».

 

Oubliés les minibus, ici c’est « Chapas ».

 

Tout semble misérable sous ce soleil de plomb, mais les gens sont très accueillants et paisibles.

 

 

Les années de la révolution communiste et de l’interminable guerre d’indépendance ont façonné les esprits ; maintenant les temps changent, c’est une nouvelle génération qui coure dans les rues « Karl Marx » ou sur les places de « l’Unita ».

 

 

Cette jeunesse porte l’espoir d’un peuple meurtri qui veut aller de l’avant.

 

 

Il faudra savoir être patient.

 

Bonne nouvelle toutefois, les distributeurs  de billets reconnaissent nos cartes Visas!

 

 

Nous achetons des œufs durs de la bière et de l’eau…Les prix pratiqués sont plus élevés qu’au Malawi.

 

 

Un chapas à destination de Cuamba  est garé à l’ombre, il reste quelques places.

 

 

Une femme déjà assise à l’intérieur du véhicule, ayant remarqué la bouteille d’eau fraiche que tient Marie, tend un gobelet plastique pour avoir de l’eau.

 

 Marie remplit le gobelet usagé, la femme fait boire l’homme à ses côtés  par petites gorgées.

 

 

Elle lui soutient la tête pendant qu’il se désaltère.

 

 

 

Le van Toyota est complet :

 

Poules, pigeons, matériel agricole, sacs de mangues, cartons de victuailles, bassines de plastique et gamelles faites en Chine…gamins tassés par les adultes.

 

 

 Nous trouvons nos deux places derrière le couple dont l’homme ne semble pas en bonne condition.

 

 

« Vamos ! » dit le chauffeur, nous quittons la ville pour rejoindre la piste qui mène à Cuamba.

 

 

Une piste large par endroit qui autorise le passage à trois véhicules de front.

 

La piste est en mauvaise état, mais les pluies ne l’ont pas encore rendue trop difficile ; la poussière rouge s’infiltre à l’intérieur du van, chaque trou, chaque bosse nous fait ressembler à des pantins désarticulés…

 

 

Chacun y met du sien pour rendre la «souffrance» supportable.

 

Il faut se contorsionner pour modifier sa position assise et détendre ses muscles.

 

 

Il est devant moi:

 

Le col de sa chemise en toile de jean est sale et usé.

 

Sa tête dodeline à chaque soubresaut du Toyota ; sa compagne lui éponge le front régulièrement avec un chiffon, elle lui caresse délicatement la nuque.

 

 

De temps en temps, la femme sort un petit tube d’aluminium glissé dans  son soutien-gorge, ça ressemble à un embout d'antique pompe à vélo contenant une pommade.

 

Elle enduit un chiffon d’une noix de l’onguent et, tendrement, l’applique avec douceur sur le front de son compagnon ; elle lui sourit constamment, lui parle doucement.

 

 

Va-t-il manger la mangue qu’elle lui tend?

 

Il n’en a plus la force, il s’endort un instant.

 

Dans un nuage de poussière le chapas marque un arrêt au milieu de nulle part, dans le bush, le village est en bordure de piste.

 

 

 Ils sont quatre à patienter devant  la porte latérale du minibus, la femme leur sourit, le moribond les regarde à peine.

 

 

Avec prudence, deux jeunes hommes vont soulever de son siège le voyageur arrivé à destination.

 

 

Il n’en faudra plus qu’un seul pour le porter sous un auvent de chaume et l’allonger à l’abri de la chaleur.

 

Des mangues échappées d’un sac plastique trop fragile ont roulé sous les sièges, la femme les ramasse une par une et les glisse dans un large tissu qu’elle va nouer.

 

Elle nous quitte en souriant.

 

 

 

Du van, nous apercevons étendue la silhouette squelettique de celui qui a surement fait son dernier trajet en chapas.

 

 

Il se prépare pour le grand saut…On lui donne à peine trente-cinq ans.

 

Un peu moins de quatre heures plus tard, nous arrivons à Cuamba. La nuit n’est pas tout à fait tombée.

 

Nous sommes cradingues, fatigués, la crasse colle à notre sueur.

 

Les  hébergements ne sont pas nombreux dans cette ville noyée de poussière en suspension ; nous aurons une turne à la « Pensao Cariaco », c’est l’étuve, les draps sont douteux, les sanitaires partagés ne disposent pas de douche, mais de grands bacs dans lequel on puise l’eau à l’aide d’un broc.

 

à chaque broc d’eau sur la tête, une mare boueuse orange se répand sous les pieds.

 

La poussière de latérite se dilue lentement sous l'eau.

 

Nous sommes fatigués mais heureux d'être au "Moçambique"

 

 

C’est notre première nuit au Nord Mozambique.

 



12/11/2012
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