Le Ranquet en Vadrouille...Carnet de route.

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Cambodge 1, l'ombre noire des Khmers rouges

Cambodge 1,

 

L’ombre noire des khmers rouges.

 

« Ce qui m’oppresse, plus encore que les yeux ouverts des morts qui comblent les rizières sablonneuses, ce sont les applaudissements qui retentirent en Occident pour saluer la victoire des Khmers rouges contre leurs frères en 1975, d’autant plus frénétiquement qu’ils couvrirent  en même temps le long hurlement de millions de massacrés. »

 

François Bizot : « le portail »  édition la Table Ronde, décembre 2000

 

Les douaniers Cambodgiens sont affalés dans de vieux fauteuils abrités sous une cahute. Ils ne prêtent guère attention au passage de ces quelques voyageurs qui débarquent du bateau  lent en provenance du delta du Viet Nam.

 

 

Nous sommes un petit groupe à cheminer sur un terrain poussiéreux vers un minibus qui nous attend à quelques centaines de mètres du poste de douane.

 

Les formalités ont duré le temps d’une collation. Le patron du bateau, ayant pris en charge l’ensemble des passeports nécessitant un visa, nous a ôté tout tracas.

 

Le minibus est climatisé, c’est une chance, car en ce début d’après midi la température au bord du Mékong flirte avec les 45°.

 

Nous partageons les banquettes du van avec trois Israéliens devisant sur le génocide Khmer. Un couple de jeunes Suédois et deux étudiants Américains complètent le minibus.

 

Il nous faudra cinq bonnes heures de route pour relier la capitale du Cambodge qui affiche à chaque coin de rue des portraits géants de Norodom Sihanouk décédé en octobre 2012 dont les cendres viennent d’être dispersées dans les eaux du Mékong.

 

Le van traverse l’immense plaine fluviale qui étale ses rizières couleur de poussière, brûlées par le soleil et récemment moissonnées.

 

 

Le paysage est monotone, infini de platitude…Ici et là quelques bouquets de cocotiers ont survécu à la sévère déforestation.

 

Les maisons en bord de route, la plupart montées sur pilotis pour se protéger du débordement du fleuve, sont enduites d’un voile de terre jaune que les camions soulèvent à chaque passage.

 

La route, chaotique, plantée d’échoppes misérables qui ne sont pas sans rappeler l’Afrique des pauvres, s’encombre à la proximité de la capitale.

 

 

« …les paysages ? Quel paysage ?Y’en a pas ici ! » me confiera plus tard un vieux Français connaissant bien le Cambodge et amoureux de la culture Khmer.

 

 

On ne visite pas le Royaume du Cambodge pour ses paysages semble-t-il, on y vient pour la rencontre d’un peuple, pour la beauté de ses temples, pour s’encanailler à Sihanouk ville (qu’on dit sale) ou retrouver l’atmosphère particulière de Phnom Penh qui ne cesse de grossir au bord du Mékong.

 

 

Quinze millions de Cambodgiens peuplent le royaume, près de trente cinq pour cent d’entre eux vivent dans des conditions de pauvreté identiques à des pays de l’Afrique subsaharienne…

 

 

Mais Phnom Penh brille de ses cafés modernes et de ses restaurants bondés de touristes ; de magnifiques hôtels sourient aux portefeuilles  des occidentaux venus, sur la route des temples khmers, faire l’arrêt incontournable dans la capitale.

 

 

La corruption s’est généralisée à tous niveaux : Nous avons vu, en plein carrefour asphyxié par un trop grand nombre de véhicules, un camionneur passant au ralenti, tendre au policier de faction, une liasse de Riels lui assurant la poursuite de sa route enfumée de crasse noire.

 

 

Surprenant également, ces distributeurs de billets qui ne délivrent que des dollars US…

 

Pour payer en monnaie locale, il faut donc aller à la banque échanger le billet vert contre le Riel, ce que peu de gens font puisque tous les prix sont affichés en Dollars y compris dans les musées nationaux.

 

C’est dire combien la dépendance du Cambodge est importante!

 

Nous avons mis un point d’honneur à faire l’échange et à tout régler en Riels avec parfois des situations cocasses, car de nombreux jeunes serveurs et serveuses sont perturbés  par l’opération de conversion!

 

 

Tradition française peut être, plusieurs bars à vin d’une grande modernité se sont ouverts récemment et semblent bien travailler…

 

les prix des flacons sont du même tonneau qu’en France.

 

Derrière la luxuriance du palais royale et de la pagode d’argent qui drainent les touristes du monde entier, se trouve au cœur de la ville, une ancienne école devenue un lieu de pèlerinage dramatique dédié à la souffrance du peuple khmer.

 

Les lieux de mémoire du génocide Rwandais nous ont impressionnés, l’école baptisée S 21 par les bourreaux Khmers Rouges nous a bouleversés.

 

 

Les magnolias fleurissent au centre de ce quadrilatère austère qui résonna des hurlements des suppliciés du sinistre régime de Pol Pot...

 

Comme tous les visiteurs  pénétrant ce centre de tortures, on ne peut qu’être interrogateur quand à la capacité de perversion du genre humain…

 

Il n’est pas utile de commenter d’avantage cette tragique période du « Kampuchéa » tant la documentation est importante et accessible sur le génocide perpétré par les Khmers rouges…

 

 

Les photos sur le blog suffiront à convaincre de l’atrocité de la période de 1975 à 1979.

 

D’un saut de scooter, sur une route défoncée où flottent les odeurs de carburants et l’éternelle poussière, nous nous sommes rendus aux «Killing fields » , mémorial distant d’environ 15 km de Phnom Penh.

 

 

« Les champs de la mort » étaient la destination finale des malheureux qui n’avaient pas pu échapper à la folie barbare des Khmers rouges.

 

On évoque trois millions de morts (30 à 40% de la population selon différentes sources), essentiellement parmi l’intelligentsia mais pas seulement…

 

il suffisait de porter des lunettes ou d’avoir les mains trop blanches pour être considéré opposant au régime…

 

On ne sort pas indemne de ces visites.

 

Des procès, trop tardifs, sont en cours...Les accusés, vieillards moribonds disparaissent avant que le verdict ne soit prononcé.

 

Plusieurs générations seront nécessaires pour que ce pays, qui sort  d’un chaos où toute forme d’intelligence a été tuée, puisse se reconstruire.

 

 

 



21/03/2013
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